CHRONIQUE PARUE LE SAMEDI 15 JUIN 2024 DANS LA PAGE « DÉBAT & OPINION » DU QUOTIDIEN « LA RÉPUBLIQUE DES PYRÉNÉES »
CRONICA PARESCUDA LO DISSABTE 15 DE JUNH 2024 EN LA PAGINA « DÉBAT & OPINION » DEU DIARI « LA RÉPUBLIQUE DES PYRÉNÉES »
J’avais à peine neuf ans. Une fin d’après-midi caniculaire, de l’autre côté de la « petite mer ». Dans leurs cages, les canaris de ma grand-mère, ceux des Benamou, des Jornet et des Bensaïd se mirent soudain à s’affoler, à se cogner, comme pris de folie. Les chiens aboyèrent à la mort…
Je sursautai et demandai à ma grand-mère la raison de ce phénomène. Elle n’eut pas le temps de me répondre, une courte et forte respiration passa et secoua les étendoirs de la terrasse blanche du haut. Comme si la montagne s’époumonait. Un étrange silence s’imposa. Le ciel me parut vide ; les mouettes l’avaient déserté. Ma grand-mère lança à Mme Benamou, qui venait à l’instant d’accéder à l’étage : « Dios mío, un terremoto ! » (1)
Tout fut secoué : la vieille demeure espagnole du XVIIe n’était plus qu’un fétu de paille. La peur de ces mères de famille devint la mienne. L’immeuble allait s’écrouler, et nous allions tous mourir puisque Dieu, comme le répétait ma tendre « abuela » (2), l’avait décidé. Ce Dieu-là était celui des catholiques et des juifs. En ces temps-là, nul ne s’avisait de montrer du doigt nos voisins de religion hébraïque. Ma grand-mère me saisit par le bras et me serra contre elle. Pria. « Peut-être sera-t-il miséricordieux ? »
Le tremblement de terre s’épuisa et passée la grande frayeur, la vie reprit enfin ses droits mais la guerre grondait à quelques kilomètres. Pourquoi vous conté-je cette vieille histoire ?
Il me semble que ce que nous vivons depuis dimanche soir tient du tremblement de terre. Politique, mais tout aussi puissant et dévastateur que ceux qu’il m’arrivait de vivre enfant. La vieille demeure démocratie est secouée, attaquée, lézardée. Je crains fort que si rien n’est fait pour la consolider, elle ne s’écroule et qu’elle ne nous laisse hagards, au milieu d’un champ de ruines. Un « no man’s land » politique où les ambitions contrariées, les haines recuites, les lâchetés, les trahisons, les vengeances seront décombres, vestiges d’une république anéantie.
1. Mon Dieu, un tremblement de terre !
2. Grand-mère.
Hèra plan plan, plan dit e plan sentit, l’amic ! Òsca !
FB
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En attendant, Mélenchon et sa clique vont faire perdre six sièges à la gauche… Putes de lambertistes !
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