Chronique parue ce jour, samedi 2 septembre 2023 dans la page Débats du quotidien La République des Pyrénées // Cronica parescuda uei, dissabte 2 de seteme 2023 en la pagina Débats deu diari La République des Pyrénées.
Rentrer ? Est-ce à dire que j’étais sorti, que j’avais d’un saut passé le seuil de ma demeure ? Pour aller où ? En Mongolie ou en Antarctique où la glace fond inexorablement ? J’ai une peur bleue de l’avion, alors… Monter dans un train, comme ça au hasard qui, parfois n’existe pas, et descendre à « Baiona » après l’effervescence délirante de ses fêtes. J’y avais un rendez-vous littéraire… Cette cité accueillait une foule nombreuse et bariolée qui déambulait dans ses rues commerçantes comme si une braderie permanente déroulait ses tapis. Le consumérisme estival n’est pas mort, loin de là. Cela occupe et rassure. J’avais oublié les plages bondées et la montagne envahie. J’exagère à peine. Le surtourisme existe. Le mot est récent. Je ne vais pas me faire des amis. Est-ce à dire que bientôt l’été sera un purgatoire pour les autochtones ? Je ne saurais vous dire. J’essaie de revoir mes séjours côtiers à Ciboure ou à Capbreton quand les vagues et rouleaux exsudaient la peur lancinante de toutes les noyades. Ce passé me souffle à l’oreille ces étés où la massification des flux touristiques n’était pas à l’ordre du jour. Hier matin, j’avais à faire, moi aussi, ma rentrée. Je tournais en rond, stylo en main. Il m’a d’ailleurs échappé et est mal tombé ; sa plume a été endommagée. Un signe, peut-être ? Je ne savais trop quoi vous dire. Je me suis demandé ce qu’il me fallait garder de ces deux mois. Probablement, les quatre jours de cette canicule tardive où j’ai eu l’impression, dès que je mettais le nez dehors, de traverser la « Death Valley » (1), trempé jusqu’aux os, épuisé. Les nuits parlaient le « saharien » et l’insomnie se couchait près de moi comme un chat fidèle. J’ai lu. La lecture tient éveillé le corps et l’âme. Deux livres m’ont habité : « Mes fragiles » (2) de Jérôme Garcin et surtout, « Les Heures heureuses » (3) de Pascal Quignard dont une phrase énigmatique me vient maintenant : « Le passé passe mais, comme il ne fait que partir, c’est ainsi que toutes choses surgissent neuves dans leur départ. »
1. La Vallée de la mort.
2. Gallimard, 2023.
3. Albin-Michel, 2023.